
Des artistes québécoises de l’estampe
La reconnaissance du travail des femmes artistes anime depuis plusieurs décennies l’histoire de l’art au Québec et ailleurs. Leur présence est encore minoritaire dans les collections institutionnelles et privées, dans un marché dominé par les œuvres des « grands maîtres ». La collection d’estampes de BAnQ fait à ce chapitre figure d’exception : hommes et femmes artistes y sont représentés de manière presque égale. Pour souligner l’apport indéniable des femmes à l’art imprimé québécois, nous vous invitons à découvrir le travail de 12 artistes.

Bonnie Baxter est l’une des membres fondatrices de l’Atelier de l’île. Elle est née en 1946 au Texas et vit à Val-David depuis 1972. Elle a également fondé son propre atelier d’impression, l’Atelier Le Scarabée, où elle a imprimé les œuvres de plusieurs artistes, dont Jean Paul Riopelle.
L’œuvre Grandma joue avec les effets de textures et de couleurs des différents habits et accessoires de ce personnage à la personnalité colorée.

Suzanne Beaudoin-Dumouchel est née en 1920 à Montréal. Formée en estampe au Québec et en Europe, elle complète également une maîtrise en enseignement des arts à l’Université Concordia. Son sujet d’étude est l’École des arts graphiques, établissement d’enseignement fondé par son père, Louis-Philippe Beaudoin.
L’œuvre Prisme d’yeux fait référence au mouvement d’avant-garde artistique québécois du même nom, dont le manifeste parut en 1948.

Rita Briansky est souvent associée au groupe des peintres juifs de Montréal. Née en 1925 en Pologne, elle arrive au Canada avec sa famille en 1929. Après avoir vécu dans plusieurs régions, dont l’Abitibi à la fin des années 1930, la famille s’établit finalement à Montréal en 1941. Rita Briansky sera formée en beaux-arts à Montréal et à New York.
L’œuvre Heritage présente un trio de personnages aux habits noirs et austères, duquel se détache la figure d’une jeune fille portant un regard oblique sur ce que l’on déduit être son héritage familial.

Kittie Bruneau est née à Montréal en 1929. Elle étudie à Montréal et à Paris, où elle vit durant quelques années, et où elle pratique la danse en plus de l’art visuel. Si elle a vécu et travaillé dans de nombreux pays, son point d’ancrage est la Gaspésie, où elle passe tous ses étés.
On reconnaît dans l’œuvre La montagne son style très coloré et expressif, mêlant éléments figuratifs et plus abstraits dans une composition dynamique presque surréaliste.

Cecil Buller est l’une des pionnières de l’estampe au Québec. Cette artiste montréalaise née en 1886 a été formée à New York, à Paris et à Londres. Elle se spécialise en gravure sur bois de bout, une technique permettant d’intégrer des détails d’une grande finesse.
Sa maîtrise technique et son style art déco donnent à son œuvre une signature visuelle unique.

Ghitta Caiserman-Roth est née en 1923 à Montréal. Elle étudie à New York et à Montréal et cofonde avec Alfred Pinsky la Montreal Artists School. Son œuvre reflète ses préoccupations sociales, matérielles et esthétiques, explorant à la fois l’art figuratif et l’abstraction.
Dans l’œuvre Analogy (pattern 2), on reconnaît le motif enfantin de la poupée, qui prend toutefois une symbolique morbide dans l’œuvre de l’artiste.

Monique Charbonneau est née à Montréal en 1928. Elle étudie à l’École des beaux-arts de Montréal, où elle s’initie à la gravure. Elle affectionne particulièrement la gravure sur bois, une technique directe, vivante et mettant en valeur la texture naturelle du grain de bois.
On peut d’ailleurs admirer cette texture particulière dans l’œuvre Le fumeur, ainsi que l’influence de la photographie.

Betty Goodwin est reconnue comme une figure majeure de l’art contemporain au Canada. Née à Montréal en 1923, elle étudie la gravure au Sir George Williams University (Concordia).
Son œuvre Folded shirt s’inscrit dans une série d’estampes dans lesquelles elle imprègne des morceaux de vêtement sur des plaques de cuivre grâce à la technique du vernis mou. Cette série lui conférera une reconnaissance internationale.

Simone Hudon est née à Québec en 1905. Elle étudie à l’École des beaux-arts de Québec où elle sera par la suite enseignante avant de déménager à Montréal où elle travaillera comme illustratrice et s’impliquera dans le milieu de la littérature jeunesse.
Sa représentation du Cap-Blanc paraît également dans son ouvrage Au fil des côtes de Québec, publié en 1967.

Leah Qumaluk est née en 1934 à Inukjuak, au Nunavik. En 1954, elle s’établit à Puvirnituk, où elle commence une carrière en sculpture avant d’expérimenter avec la gravure sur pierre à partir des années 1960. Elle produira plusieurs dizaines de gravures qu’elle imprimera le plus souvent elle-même jusqu’à sa retraite vers 1985.
L’œuvre [Hibou…] donne à voir une scène de la vie naturelle typique du Grand Nord québécois.

Francine Simonin, née en 1936 à Lausanne, en Suisse, y pratique la gravure durant de nombreuses années avant de s’installer à Montréal en 1971. Tout en marquant le milieu de la gravure québécois, elle continuera également de travailler en Europe, à Évian-les-Bains.
L’œuvre Madone des sleepings laisse deviner un corps féminin, un de ses thèmes de prédilection, interprété de manière quasi abstraite.

Tobie Steinhouse est l’une des membres fondatrices de l’Atelier libre de recherches graphiques (Guilde Graphique). Née à Montréal en 1925, elle est d’abord formée en dessin technique. Elle travaille comme dessinatrice d’avion de guerre à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Elle sera ensuite formée à New York et à Paris, avant de revenir s’établir à Montréal dans les années 1960.
L’œuvre abstraite Astres bleus montre sa maîtrise de la couleur en gravure en creux.