Regard sur les Innus à travers l’œuvre d’Arthur Lamothe

Dans les années 1970, Arthur Lamothe filme les Innus de la Côte-Nord. Il capte leur voix, leur culture et leur quotidien, dans leur langue, offrant un témoignage rare et authentique.

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Arthur Lamothe pendant l'écoute d'une bobine de film.

Un Français parmi les autochtones de la Côte-Nord

Arthur Lamothe, né en France, s’installe au Québec et développe un intérêt profond pour les peuples autochtones. Dès 1963, il entame un parcours documentaire avec Le train du Labrador, un film qui marque le début d’une longue relation avec les Innus. Malgré le regard extérieur qu’il pose sur eux, il fait un effort sincère pour s’immerger dans leur réalité. Il en devient un témoin engagé. Comme le souligne l’artiste innu Florent Vollant dans un reportage de Radio-Canada diffusé en 2013 : « C’est quelqu’un qui a voyagé avec nos parents, qui a vécu le Nord avec nos parents. Ce n’était pas juste quelqu’un qui venait prendre des images.1 »

Donner la parole aux Innus

Dans les années 1970, Lamothe collabore avec l’anthropologue Rémi Savard pour réaliser une série de films. Ce projet vise à documenter la culture innue à travers les mots de ce peuple. Les films abordent des thèmes essentiels : les droits territoriaux, le système de justice, les récits mythologiques, les croyances et les pratiques spirituelles. Chaque témoignage, chaque image devient un fragment de mémoire collective, transmis avec dignité et authenticité. En 1975, il gagne le Prix de la critique québécoise décerné par l'Association québécoise des critiques de cinéma pour son film Ntesi Nana Shepen. 

Une œuvre patrimoniale accessible à tous

Entre 1984 et 2001, les Ateliers audio-visuels du Québec, dont Arthur Lamothe est le président-fondateur, font don des 81 films et de leurs éléments de montage à BAnQ. Ce don comprend également 40 cahiers d’interprétation, qui enrichissent la compréhension de l’œuvre. 

En 2024, BAnQ termine le traitement, numérise et met en ligne ces films sur sa plateforme BAnQ numérique. Le public peut désormais les visionner en innu-aimun, avec ou sans traduction, ce qui permet une expérience immersive.

Un héritage vivant

Les films de Lamothe ne sont pas de simples documents d’archives : ils sont vivants, porteurs de mémoire et d’identité. Ils permettent aux jeunes générations innues de renouer avec leur histoire, et au grand public de mieux comprendre la culture innue. Grâce à son approche humaine et respectueuse, Arthur Lamothe a su créer un pont entre les cultures, un espace de dialogue et de reconnaissance.

Pour aller plus loin

Pour en savoir plus sur l’ensemble documentaire, vous pouvez consulter le fonds Arthur Lamothe dans la base de données Advitam. Les archives originales sont conservées aux Archives nationales à Montréal, et des copies sont disponibles aux Archives nationales à Sept-Îles.

Lamothe, Arthur, et Jean Beaudry,  Le silence des fusils, DVD, Montréal, Productions La Fête / CinéFête, 1996.

[1] « Archives | Arthur Lamothe : cinéaste engagé pour la cause autochtone », Radio-Canada Info (2025), https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2010518/arthur-lamothe-cineaste-documentaire-archives (site consulté le 26 mai 2025)